En 1709 naquit Jacques Pineau de Viennay III, fils aîné du baron Jacques Pineau de Viennay II et de Marguerite de Gennes, et héritier du domaine familial. En 1718, Jacques Pineau de Viennay II, utilisant la fortune de sa femme, achète Lucé et Pruillé, dont un «vieux château fortifié de hauts murs», des étangs, des prairies, des fermes et des moulins. Cette acquisition éleva ainsi le statut social de la famille Pineau de Viennay, et lui fournit également une source de revenus provenant du tissu, des cultures, de la volaille, du beurre et de la cire.
Jacques Pineau de Viennay III fut un fils prodigue avec de réelles aspirations politiques, et devint un confident de confiance de Louis XV. Dès le milieu du XVIIIe siècle, le baron Pineau de Viennay III, désormais appelé le baron de Lucé, devint responsable de l’administration de tout l’Est de la France. En 1750, le baron décida de remplacer le château médiéval lourdement fortifié du village du Grand-Lucé par un palais moderne. Mathieu de Bayeux, architecte et ingénieur célèbre pour avoir conçu le Pont Wilson sur la Loire à Tours, le pont de pierre le plus long au monde à cette époque, fut donc engagé afin de concevoir une propriété véritablement à la pointe de la nouveauté. Le baron Jacques Pineau de Viennay, passionné de design et d’architecture, exigea que son nouveau château en intègre les idées les plus modernes. Le baron adhérait aux nouvelles idées du siècle des Lumières et était d’avis que les concepts féodaux et le style médiéval étaient obsolètes. Les 4.200 mètres carrés du château ainsi que ses dépendances furent donc soumis à d’importants travaux qui commencèrent en 1760 et s’achevèrent en 1764.
Les plans du nouveau château érigé selon un axe nord-sud, reflètent parfaitement la précision et la symétrie du mouvement néoclassique. Jacques Pineau de Viennay exigea que l’ameublement et la décoration soient des plus modernes et de la meilleure qualité. Des tapisseries murales sur toiles ayant pour thème la vie en Asie “ des chinoiseries” recouvrent les murs du salon privé du baron, aujourd’hui nommé à juste titre le Salon Chinois. Ces murs peints, de l’artiste Jean-Baptiste Pillement (1728 -1808), ne se trouvent aujourd’hui qu’à deux endroits: au Petit Trianon, le palais privé de Marie-Antoinette à Versailles, et au château du Grand-Lucé. Des oeuvres de moindre taille de Jean-Baptiste Pillement peuvent être admirées dans quelques musées à travers le monde, dont le Louvre et la National Gallery à Washington DC.
La résidence d’été du baron Pineau de Viennay, le château du Grand-Lucé, est depuis reconnue en France comme l’une des icônes de l’architecture néoclassique française. Au décès du baron, le Château du Grand-Lucé fut transmis à sa fille, Louise Pineau de Viennay. Mademoiselle Pineau de Viennay fut une aristocrate mécène des arts qui reçut les érudits, philosophes et artistes du siècle des Lumières, dont Diderot, Voltaire, Rousseau, Mozart et Grimm. Au cours de la Première Guerre mondiale le château, qui était encore la propriété de la famille Pineau de Viennay, servit d’hôpital où furent soignés les officiers britanniques. Durant la Seconde Guerre mondiale le château permit de mettre en sécurité des chefs-d’oeuvre du Louvre. Les oeuvres d’art furent judicieusement dissimulées dans une cache secrète, sous la scène d’un théâtre qui avait été construit dans les anciennes écuries de la propriété.
Le château du Grand-Lucé devint ultérieurement la propriété du gouvernement français qui procéda à une restauration grandiose des jardins, et les bâtiments du château accueillirent quant à eux les bureaux de l’office du tourisme. En 2003, le gouvernement français se sépara du château au profit du célèbre architecte d’intérieur américain Timothy Corrigan. La majeure partie du château était encore dans son état d’origine, Monsieur Corrigan entreprit donc une rénovation magistrale du château de près de 4.200 mètres carrés, et en fît sa résidence privée. Lors d’une nouvelle acquisition en 2017, l’Hotel Château du Grand-Lucé fut repensé et aménagé afin de retrouver sa vocation initiale : accueillir et inspirer les voyageurs les plus exigeants, les envelopper de beauté dans un décor alliant le fleuron du mobilier à la quintessence des objets d’art.
Dans la continuité du baron Jacques Pineau de Viennay, nous avons veillé avec exigence et précision aux moindres détails. Le résultat : un lieu d’exception qui a traversé les siècles, un hôtel chic à l’opulence discrète et empreint de noblesse où l’on se sent comme un noble dans la maison d’un noble.